Conférence de Jean-Pierre WENGER
25-10-2005 – Perpignan – 40 minutes
« Présentation
de François Brousse »
SOMMAIRE
1 PLAN DE LA CONFÉRENCE
2 « SILENCE »
– Poème de François Brousse
3 LES COULISSES DE
LA BIOGRAPHIE
3.2 Historique : de René Espeut à JPW
4.1 La 1ère option biographique :
CHRONOLOGIE
4.2 La 2ème option biographique :
FB, PERSONNAGE À DÉCOUVRIR
4.3 La 3ème option biographique :
COMMENTAIRES & CITATIONS
4.4 La 4ème option biographique :
CITATIONS ANACHRONIQUES
4.5 La 5ème option biographique :
CHAPITRES DÉCOUPÉS EN SOUS-TITRES
5.1 PREMIÈRE PÉRIODE – JEUNESSE STUDIEUSE :
1923 – #1936 (10-24 ans)
5.2 SECONDE PÉRIODE – 1939-1950 : NOSTRADAMUS,
CYCLES & ASTRONOMIE
5.2.1 « 1934-1990 » Étude de Nostradamus
5.3 TROISIÈME PÉRIODE – 1950-1963 : LA POÉSIE
DE LA 4D
5.3.1 L’article de Raymond Cahisa
5.3.4 Au point de vue de la poésie
5.4 QUATRIÈME PÉRIODE – 1963-1975 : DE « CELUI
QUI ATTEND » À « CELUI QUI VIENT »
5.4.1 Le rôle caché de François Brousse en mai 1968
5.5 CINQUIÈME PÉRIODE – 1975-1995 : « L’ÉCOLE
DE PERPIGNAN » & LA POÉSIE DU TRANSFINI
5.5.3 La poésie du Transfini (1989-1995)
6 « RENONCEMENT
» – Poème de François Brousse
François BROUSSE « Ivresses et Sommeils »
Imprimerie Labau – Perpignan – 1980 (page
77)
SILENCE
Autrefois, j'ai rêvé de gloire. Ce rêve au fond de ma mémoire, N'est que la ruine d'un palais... Je préfère un secret délire Qui vole plus haut que la lyre Dans les silences étoilés !
Qu'importent les mots et les
mètres Dans la cage des géomètres, Puis-je enfermer mon sylphe
d'or ? Il plane dans l'inaccessible, Dans les jardins immarcessibles, Dépassant l'aigle et le condor !
Abîme grouillant de réponses, Pour mieux t'étreindre, je
renonce Au tambour du matin vermeil Je cherche derrière la flamme, Et j'écoute l'épithalame De mon âme avec le soleil !
Mesdames, mes demoiselles,
messieurs, chers amis, selon la formule consacrée, c’est avec
un grand plaisir que je propose à votre attention, à votre lecture,
un livre biographique qui vient de sortir pourrait-on dire et
qui est intitulé François Brousse l’Enlumineur des Mondes. Ce livre manquait
dans le paysage littéraire du XXème siècle, le XXIème
siècle a comblé cette lacune.
Pour la petite histoire,
il faut savoir que c’est René Espeut qui manifesta pour la première
fois – à notre connaissance – l’idée d’une biographie de François
Brousse. En effet, alors qu’il présentait son ami le conférencier
Brousse en soirée du 08 novembre 1977 à Perpignan, il précisa
prévoir un livre avec le titre : François Brousse, qui
êtes-vous ? Le destin l’a emporté
en 1979 avant de réaliser son projet.
Cette idée a été
reprise par une personne perpignanaise proche de FB au début
des années 1980 ; ce dernier l’incitait d’ailleurs dans
ce sens : – Posez-moi des questions ! Allez-y ! Ce qui fut fait mais les temps n’étaient pas
mûrs. L’idée a resurgi
après le décès de l’intéressé, en 1996, puis en 1998, par une
amie parisienne qui envisagea une biographie. Plusieurs signes
personnels très nets m’incitèrent à lui proposer mon aide car
je pressentais intuitivement l’énormité de l’initiative, vu
l’énormité de l’œuvre de Brousse et quand des ennuis de santé
la freinèrent en 1999, j’étais prêt intellectuellement et psychologiquement
à prendre le relais.
Donc 6 années ont
été nécessaires pour aboutir ; en gros 4 années pour les
recherches et les rencontres et 2 années d’écriture.
LES ŒUVRES PUBLIÉES PAR FB Ces recherches eurent
lieu dans les bibliothèques municipales (Perpignan & Montpellier
principalement), et nationale : je mentionne ici la Bibliothèque
Nationale de France (BNF) mais je ne dois pas oublier les Archives
municipales et départementales. Il s’agissait d’abord
de retrouver les livres originaux publiés par FB et là, surprise,
2 livres n’ont pas été retrouvés, La Tour de Cristal
(1939) et Chants dans le Ciel (1940). L’œuvre de FB est
loin d’être dépourvue d’éléments biographiques, je ne citerai
que sa rencontre en 1938 à Béziers et Montpellier avec Zorah,
et aussi sa rencontre avec l’énigmatique comte de Saint-Germain
en avril 1966 à Vernet-les-Bains.
L’œuvre publiée
est déjà conséquente, mais il y a également des textes non
encore publiés – en nombre important – comme par exemple
le Bloc-Mémo, un carnet tenu par François juste avant
le baccalauréat, c’est-à-dire de 1928 à 1932. On y remarque,
entre autres, l’idéal que se doit de véhiculer tout véritable
poète et aussi sa vive admiration de Gandhi.
LES ARTICLES DE/SUR
FB Ensuite la consultation
patiente de 36 revues périodiques culturelles – à peu
près une dizaine du Roussillon et une quinzaine ailleurs – couvrant
une période de 1939 à 1995 (46 ans) a fait apparaître
328 articles concernant de près ou de loin François Brousse.
Ce fut une moisson féconde et je dois le dire, inattendue !
Enfin l’exploration
de 14 journaux – quotidiens & hebdomadaires – de
1950 à 1995, a permis la découverte de 245 articles concernant
de près ou de loin François Brousse. Signalons au passage
que 167 figurent dans L’Indépendant et 55
dans Midi Libre.
À travers ces articles
on peut apprécier la place originale, intellectuelle, artistique
et spirituelle de François Brousse – une place qu’il revendique
d’ailleurs dans ses propos et ses écrits – mais qu’il ne nous
était pas encore donné de constater avec évidence. On peut remarquer
les différents thèmes abordés de manière préférentielle au cours
de sa vie.
Il ne faut pas oublier
l’œuvre orale, c’est-à-dire les conférences – à peu près
430 ont été répertoriées –, les entretiens ici ou là,
dans les cafés, en privé, en voiture ou autre. À ce sujet, j’ai
pris l’option biographique de faire confiance aux textes des
conférences non publiées dans la mesure où ils étaient corroborés
par ailleurs ; mais chaque fois que cela a été possible,
j’ai préféré citer un texte publié, facilement accessible.
DE L’ŒUVRE ORALE
AUX SOURCES VIVANTES À côté des sources
écrites et orales de F.Brousse, il y a les sources vivantes,
c’est-à-dire les témoignages de personnes.
Par ordre chronologique,
il y a d’abord sa cousine Alice Grau-Robert décédée en 2002 ;
elle a surtout donné des souvenirs très précieux concernant
François alors qu’il avait entre 15 et 23 ans ;
Puis les circonstances
ont permis que je rencontre 2 collègues de lycée de François,
qui l’ont connu vers 1928-1932, au moment où ils passaient le
baccalauréat, à une période qui recoupe celle d’Alice Grau-Robert ;
Ensuite il y a les
amis connus au moment de la guerre (1940-1942) ;
Puis vers 1951-1952, Claude Van Dyck fait
la connaissance de Brousse ; ses souvenirs englobent plus
de 22 années, de 1952 à 1974, et de façon plus intermittente
au-delà. À ce propos j’ai
sollicité Claude pour environ 25 entretiens ; il
a été très patient… Cela m’a pris environ un mois et demi pour
intégrer et ordonner sur ordinateur toutes les informations
qu’il m’a transmises !
Je n’oublie pas
les collègues de travail de François, professeurs eux aussi :
4 ont été retrouvés ; Je n’oublie pas
non plus 8 anciens élèves de F.Brousse, des témoignages
qui vont de 1951 à 1975 ;
Enfin il y a de nombreux amis, une quarantaine.
J’ai connu dans
cette activité d’étonnants contacts d’âme à âme, avec une personne
décédée et une personne vivante.
Alors question de
vérité : est-ce que tous ces contacts étaient utiles à
une biographie ?
Je le pense au vu
des informations collectées, plusieurs d’entre elles sont inédites
(Spiritisme, date de sa mort, par exemple) et ne figurent nulle
part ailleurs. Et quand elles ne sont pas inédites, il est parfois
bienvenu d’en rappeler certaines.
Venons-en au livre
proprement dit. La première option
biographique prise pour ce livre est qu’il a été rédigé selon
un mode chronologique, car d’une manière générale, l’esprit
humain appréhende facilement l’aspect séquentiel d’une vie.
Il faut savoir aussi
que je n’ai pas voulu privilégier d’emblée François Brousse
sous un aspect particulier. Déjà la préface extraite de son
livre L’Enlumineur des Mondes – présente en début
du livre – donne la tonalité d’un être aux dimensions cosmiques.
C’est suffisant. C’est un choix délibéré,
conscient et volontaire ; donc le lecteur se fait lui-même
son jugement à l’aide, le plus souvent, d’éléments bien référencés,
qu’il peut même vérifier la plupart du temps. Une des forces,
d’ailleurs, de ce livre réside dans sa bonne tenue historique ;
une de ses faiblesses, peut-être, dans le style.
La 3ème option biographique concerne
les commentaires personnels du biographe. Ils sont peu
nombreux. On lui en a fait la remarque.
a)
Ils apparaissent notamment pour présenter de façon synthétique,
sous forme d’atmosphère générale, les œuvres de jeunesse
de François Brousse qui n’ont pas été publiées, donc pour pallier
à une carence, car il eut été dommage de ne pas connaître la
remarquable fécondité littéraire de cette époque. De même, ces
commentaires reviennent pour les œuvres de fin de vie,
période particulièrement riche d’inspiration. Pour ces dernières,
j’ai englobé plusieurs titres de livres dans l’atmosphère de
ce que j’ai appelé « LA POÉSIE DU TRANSFINI » et « LA
SOUFFRANCE DU POÈTE » en montrant la récurrence de ces deux
thèmes dans les dernières années de sa vie. C’est un choix.
J’ai aussi expliqué l’originalité du livre intitulé Le Sourire
de l’Astre.
b)
Des commentaires mettent en évidence, par delà les années, un
trait constant dans la vie de François Brousse, par exemple
sa difficulté à se faire éditer et non pas seulement imprimer,
du moins jusqu'à l’apparition de La Licorne Ailée.
c)
Trois passages plus personnels, assez courts, relatifs au biographe,
dans les années 1981, 1993 et 1995 mettent en relief les liens
assez forts, d’amitié initiatique existant entre François Brousse
et moi-même. Ils font comprendre au lecteur la raison personnelle,
profonde, motivant cette biographie
En fait, les
commentaires du biographe sont assez présents mais discrets.
Souvent, les faits
parlent d’eux-mêmes et je laisse les commentaires, soit à François
Brousse, soit à ses proches ou à ses contemporains. Conséquence :
il y a donc de nombreuses citations. Ces citations, c’est
quand même le biographe qui les a choisies et qui les a disposées
selon un canevas qui fait, à quelques moments précis de la vie
de François Brousse, des rappels à son passé ou des allusions
à son futur.
C’est une force
et une faiblesse à la fois, mais, à mon avis, ce livre ne pêche
pas par manque d’esprit synthétique parce qu’à propos de plusieurs
sujets, notamment la guerre 1939-1945, le Wesak ou bien Mai
1968, le lecteur entre dans l’intimité de ces événements, et
cela d’une manière originale, je pourrais même dire, unique
au monde.
Cependant, les citations
débouchent sur un gros problème : L’ANACHRONISME. Prenons un exemple ;
en 1927, à l’âge de 14 ans, François Brousse rencontre Apollonius
de Tyane. Ce n’est que bien
plus tard que François en a parlé à ses amis. Quant aux écrits,
les premières traces d’Apollonius dans l’œuvre de François Brousse
apparaissent en 1956 dans la revue Agni et encore, il
n’y mentionne pas sa rencontre.
q
En 1982 il ÉCRIT – mais brièvement – qu’il a été initié par
Apollonius, ;
q
en 1983, la revue Dialogues la précise un peu plus ;
q
mais ce n’est qu’en mars 1990 que le récit
[1]
de cette rencontre est publié dans un B.M.P.
Les circonstances avaient attendu qu’un retranscripteur
transmette le texte à la Licorne Ailée.
Alors voici la question
du biographe : à quel moment, dans le livre, faut-il mentionner
et développer cette rencontre ? Est-ce en 1927 ? En
1956 ? En 1982 ? En 1983 ? ou en 1990 ?
J’ai choisi 1927.
Si tel n’avait pas été le cas, la biographie de François Brousse
se résumait à un condensé couvrant ses 20 dernières années et
on perdait le fil d’une vie.
LES CHAPITRES Ce livre comporte
43 chapitres.
Un chapitre peut traiter soit trois années,
soit deux années, soit une année de la vie de François Brousse,
soit même un seul événement ; ce sont les chapitres-clés :
q
La rencontre avec Zorah (1938) occupe un chapitre entier ;
q
La Poésie de la Quatrième Dimension également, pour 1952 ;
q
comme d’ailleurs la rencontre avec le comte de Saint-Germain ;
q
Le Wesak prend tout un chapitre, en 1980.
Une originalité
consiste dans le fait que chaque chapitre est découpé en paragraphes
dont les titres sont écrits en majuscules et apparaissent dans
le sommaire :
ð
Cela permet une respiration dans une lecture dense, il faut
le dire ;
ð
Cela permet au lecteur de sauter un paragraphe ;
ð
Cela permet un repérage facile ;
ð
Cela permet de passer aisément d’un paragraphe à l’autre.
Dans un premier
essai, j’ai essayé d’enchaîner des événements consécutifs qui
n’ont quasiment pas de lien direct entre eux. Le résultat ne
fut pas probant et la découpe en paragraphes, a été généralisée.
Les longueurs de ces paragraphes, varient d’une demi-page à
2 pages.
Voici un bilan,
une comparaison rapide avec deux autres biographies.
§
Le Tome-1 de la biographie de Victor Hugo par Jean-Marc Hovasse,
qui a paru en 2002, fait 1366 pages pour les 50
premières années de la vie de V.H et on attend le Tome-2.
§
La biographie de Krishnamurti par Mary Lutyens comporte 810
pages en TROIS VOLUMES et plus de SEPT ANS DE TRAVAIL
Donc vis-à-vis des
2 auteurs que je viens de citer, je suis un petit garçon, car
ce livre ne comporte que 600 PAGES EN UN SEUL TOME et il est
le résultat de 6 ANS DE TRAVAIL. Je pense que j’ai consacré
trop de temps aux recherches en bibliothèque, car je me suis
aussi passionné pour ce que je ne cherchais pas mais que j’ai
trouvé cependant… !
On peut constater 5 GRANDES PÉRIODES dans la
vie de François Brousse, 5 périodes caricaturales dans lesquelles
il ne faut pas s’enfermer, mais qui traduisent une activité principale
parmi d’autres. Cette période s’étend
sur toute sa jeunesse, c’est-à-dire depuis l’âge de 10 ans où
il a commencé à écrire (1923) jusqu’à la fin de ses études universitaires
(mars 1936 ou novembre 1937). De cette période,
comme par miracle, il est resté un cahier de Lycée qui a traversé
les âges. Ce cahier semble relatif à une classe de Seconde environ,
donc quand il a 15-16 ans. La véritable Poésie, cet abîme d'ondes surnaturelles où – neige
ardente et lumineuse – le buste des sirènes émerge, où mille
Attirances ouvrent le charme des yeux lucides et des chevelures
étranges, où les navires de pourpre aux longues voiles d'or
renferment dans leur sublime image […] Et toi, Poésie, tu te dresses, incorruptible, vêtue d'idéal
et de force illimitée, dans la fulgurance de l'Âme ! Le lacis inextricable et harmonieux de tes rythmes qui se croisent,
se marient, serpents d'aurore et de flamme, emprisonne les cœurs
dans ses mailles célestes ; on les voit palpiter comme les poissons
au ventre d'argent qui, tirés des flots (par ?) les pêcheurs
respirent une atmosphère magique. Ta césure savamment subtile, le Zeus d'or de tes rimes, le balancier
d'acier de tes phrases, forment une instrumentation miraculeuse,
jaillie des profondeurs comme la lave et qui déployant ses millions
de têtes peut exhaler l'univers des sons, depuis le glissement
d'une larme vespérale sur la robe d'une gentiane jusqu'aux hymnes
des éternels Esprits ! -_-_-_-_-_-
Ensuite, on voit apparaître une seconde période
de 1939 à 1950 que j’intitule « NOSTRADAMUS, CYCLES &
ASTRONOMIE » Les études nostradamiques :
elles ont commencé dès 1934 (21 ans) sous l’exemple de sa tante
Léonie et ne se termineront qu’en fin 1990, soit plus d’un demi-siècle
(56 ans). C’est en avril 1940
qu’il découvre que l’invasion allemande parviendra jusqu’aux
Pyrénées et cela lui en donne le frisson.
Il découvre aussi
que Nostradamus le MENTIONNE, et cela dans trois Centuries différentes :
la Centurie I-26, la Centurie IX-9, et la Centurie IV-55. Dans
cette dernière, François Brousse se reconnaît sous les traits
de la « Corneille. » En effet, d’après les traditions,
la Corneille est un oiseau-prophète, annonciateur de catastrophes.
(BROUSSE F., Nostradamus ressuscité – Tome 1, Éd. La
Licorne Ailée, 1996, p. 151-152)
Or F.Brousse avait
prédit l’écroulement du Fascisme dès mai 1939 dans la revue
Astrosophie.
Les résultats de
ces études sont étonnants. Je citerai uniquement le cycle de
Mars – 130 ans – et le parallèle temporel entre Napoléon 1er
et Hitler, ce parallèle est effarant et il conclut : « L’homme
s’agite et le nombre gouverne. » (BROUSSE François
« Nostradamus ressuscité – Tome 1 » Édition La Licorne
Ailée – 1996 (page 245))
Mais il ne s’arrête
pas en si bon chemin et, en sa qualité de GRAND SÉRRURIER de
l’Histoire, il a en sa possession, DEUX clés particulières,
la Clé de Diamant et la Clé d’Or. Ces deux clés sont évidemment
des cycles. La clé de diamant est le cycle de 1000 ANS, et la
clé d’Or est le cycle de 300 ANS.
Alors, dans une
série d’articles parus dans la revue Destins de mai 1947
à mai 1948 sous le titre Le Secret des Tombes royales,
il annonce avec ces 2 cycles une période très délicate aux alentours
de l’an 2015. Ce résultat est
conforté par son analyse de La Prophétie des Papes, dont
l’écriture date de 1949. Ces découvertes des cycles sont contemporaines
de l’écriture de son fameux poème Le Rythme d’Or.
À la même époque,
il passe des cycles dans l’histoire des peuples, aux cycles
des corps célestes dans l’espace. Il préconise, dès 1948, l’existence
de 4 PLANÈTES SUPPLÉMENTAIRES : Proserpine à 10,5 milliards
de km du soleil, Minerve à 13 milliards, Junon à 16 milliards
et Vesta à 19 milliards de km. Il termine son étude avec cette
remarque : Le caveau des rois de France forme un temple
extraordinaire dont le fronton s’évanouit dans les abîmes azurés.
On y pénètre en croyant trouver des cendres humaines, un sable
qui a vécu, et nous tenons dans notre main une poussière d’étoiles…
(BROUSSE F., Le Secret des Tombes royales, Éd. La Licorne
Ailée, 1991, p. 49) -_-_-_-_-_-
Le 17 juillet 1952,
l’écrivain Raymond Cahisa est l’auteur d’un article occupant
une page entière du journal grand folio Sud-Ouest (Bordeaux),
intitulé : « À l’inconscient surréaliste substituant le
sur-conscient François BROUSSE, philosophe et conteur, fonde
le groupe de la Quatrième Dimension. »
Raymond Cahisa y
précise l’originalité de François Brousse vis-à-vis du surréalisme
et de la science. Le surréalisme
recherche dans l'inconscient et notamment dans l'état de fatigue
et les rêves, les sources de son inspiration, rejette la raison
et la morale. François Brousse prétend que l’homme est triple : un inconscient
animal où grouillent les instincts, un conscient humain, et
un surconscient angélique, surhumain. L’homme, et surtout le
poète, doit non pas tomber dans l'inconscient, mais se hausser
jusqu’au sur-conscient qui est le domaine de la Quatrième Dimension.
Au lieu de tourner
le dos à la raison, il faut la suivre jusqu'au moment où l’intuition
la remplace. Einstein a fait du temps la quatrième dimension
de l'espace. Erreur dit Brousse. Au-delà du temps et de l'espace,
au‑delà du monde matériel rayonne la quatrième dimension
qui est un surmonde. Il faut, pour atteindre ce surmonde, une
véritable discipline intérieure : rejet de toute pensée de haine,
culture de l'enthousiasme et du sens esthétique, recherche
dans les rêves, pensée métaphysique. -_-_-_-_-
Cet article de Raymond
Cahisa se base en fait sur un texte de François Brousse intitulé
« Le Manifeste de la Quatrième Dimension » rédigé
en juillet 1950 (Archives François Brousse - Pages 1107 à 1130),
mais qui ne sera publié qu’en 1974.
Sans délaisser le flot harmonieux du lyrisme
et l’élan impétueux de la poésie épique, qui « transportaient
le lecteur vers l’ailleurs », à présent, c’est l’étrangeté,
la stupéfaction, l’instantané dans une nouvelle expression où,
parfois, la rime et le rythme disparaissent. Vous trouverez un exemple de cette Poésie dans
Au Royaume des Oiseaux et des Licornes dont les DEUX
TIERS DES POÈMES ont été écrits à cette époque-là, en 1951-1952. L'être asexué, fantôme métallique, Portant des points lumineux sur le torse, Marche au faîte des églises écroulées. Il franchit les fleuves d'acier brûlant Sur les ponts gardés par la Sphinge Dont les seins glaciaux sont gonflés d'astres. L'être asexué contemple la mort Et, quand le haut de son corps pivote, La poitrine devenant le dos, le dos la poitrine, La sphère des étoiles éternelles S'arrête, puis repart en sens inverse
[2]
. -_-_-_-_-_-
Cet article de Raymond
Cahisa mentionne cinq poètes-artistes qui ont un projet commun,
l’édition d’une anthologie assez copieuse sous le titre L’Anneau
de Salomon. Ces 5 artistes sont : Marthe Cormary, Anaël,
Kitty Pagès, Élisabeth de Ponthière et bien sûr, F.Brousse ;
et ils veulent, ces 5 artistes, unir « Classicisme et Surréalisme
dans une synthèse supérieure. » Monsieur l’Éditeur ; Nous avons formé un groupe de cinq poètes qui veulent fonder
une école nouvelle LA QUATRIÈME DIMENSION dont l’idéal serait
d’unir Classicisme et Surréalisme dans une synthèse supérieure.
Chacun de ces poètes garde sa vivante individualité, mais le
même souffle intemporel les soulève tous. Ils pensent que le
Superconscient, source lumineuse des inspirations, ne doit pas
se confondre avec les bouillonnements troubles de l’inconscient.
La littérature doit s’irradier de mystère et de grandeur. Ces
nouveaux écrivains prolongent la haute tradition romantique,
en y mêlant des reflets de sagesse yoghique ou de bouddhisme
Zen. Nous vous présentons une anthologie de cette nouvelle école
sous le titre L’ANNEAU DE SALOMON. Si l’on en croit Éliphas
Lévy, l’anneau de Salomon est à la fois circulaire et carré.
Il symbolise à merveille la Quatrième Dimension. Un Manifeste
de François Brousse, précisant l’arcature spirituelle du mouvement,
sert de préface à notre ouvrage. […] L’ANNEAU DE SALOMON réunit des écrivains imprégnés d’une formule
inédite et dont les œuvres peuvent répondre aux aspirations
du siècle. POUR LE GROUPE DE LA QUATRIÈME DIMENSION. -_-_-_-_-
Ce projet d’anthologie
a-t-il vu le jour ? Nous ne le savons pas, car aucune trace
de ce recueil n’a été trouvée.
Avec le ruban des
12 années qui vont de 1963 à 1975, on entre dans une période
ésotérique de F.Brousse, qu’on pourrait intituler : De
CELUI QUI VIENT (L’Avenir du Monde, N°7, Strasbourg,
juillet 1937) à CELUI QUI ATTEND. Ces 2 expressions
dans lesquelles F.Brousse se reconnaît proviennent de livres
prophétiques comme ASIA MYSTERIOSA ou de commentateurs contemporains
de prophéties.
§
« 1963 » : François Brousse devient conférencier,
à Prades et à Perpignan et il crée l’Ordre Olympien de la Rose-Croix
d’Or, sous le regard de Victor Hugo et de Christian Rosenkreutz.
§
« 1975 » : il recrée l’Ordre Olympien de l’Oracle
d’Or déjà lancé en 1973.
Ces 2 ordres
sont totalement virtuels, c’est-à-dire qu’ils n’ont aucune structure,
aucune cotisation, aucun local attitré ; ils sont en fait
des courants de pensée auxquels on adhère ou auxquels on n’adhère
pas.
Cette période 1963-1975
englobe Mai 1968 : il va de soi que cet événement ne le
laisse pas indifférent. Prompt à lever le flambeau de la liberté
et de l’individualisme, François Brousse analyse, dans un article
de l’Indépendant, la situation collective et individuelle
pour tracer la voie de l’avenir. Cet article est
probablement le seul texte où François Brousse exprime ses idées
d’organisation de la société.
Cet article n’est
que la partie émergée de l’iceberg de Mai 1968. F.Brousse, là
aussi, va étonner le lecteur, car lui, François Brousse, se
propulse à la base de cette effervescence des peuples. Je ne
vous en dis pas plus pour l’instant, pour vous laisser le plaisir
de la découverte.
De Varsovie à Madrid, une traînée de flamme a secoué toute l’Europe,
et un nouveau visage de la révolution surgit dans une gloire
insolite : la révolte des étudiants. Le philosophe doit s'interroger
sur cet événement imprévu qui trouble les structures en apparence
les plus diverses, et bouleverse avec le même mépris les pays
socialistes, les pays capitalistes, les pays paternalistes.
Observons qu'à Prague le mouvement a triomphé, chassant les
vieux fantômes staliniens. En France, Paris redevient la tête
du monde et semble prêt à promulguer des paroles qui retentiront
en lois universelles. Ce tremblement de terre s'explique par
le réveil du géant enseveli : l'individualisme. Pendant un demi-siècle,
on a entendu gronder les credo totalitaires qui font de l'obéissance
la vertu suprême des États. Courbe la tête, esclave, et tu seras
heureux. Mange ta pitance, suis les mots d'ordre du Gouvernement,
adore les idoles, oublie ta dignité d'homme libre ! La jeunesse
a répondu Non à ce réalisme avilissant. […] Les étudiants ont confusément compris, et certains même lucidement,
l'axiome fondamental. […] Ni la science, ni le réalisme ne suffisent à rendre les peuples
heureux. On a visé le bien-être, on a manqué le bonheur et perdu
la liberté. Néanmoins, ce que le marxisme apporte, c'est la
suppression du chômage et de la misère. Ce que transmet le capitalisme,
c'est la liberté de pensée et d'expression. Deux trésors inestimables
qu'il faudrait unir dans une mutation créatrice. La technicité
folle, inhumaine, a jeté l’Allemagne dans les bras sanguinaires
d’Hitler, et la Russie industrialisée dans les bras lugubres
de Staline. Il convient d'allumer à nouveau sur les cimes la
grande flamme de la liberté. Sans elle, la personne humaine
s'efface, et les sociétés écrasantes pourrissent. Avec elle,
la pensée s'exalte, la poésie jaillit, le bonheur rayonne, la
civilisation reprend sa marche majestueuse vers l'idéal. Le
mot de l’avenir sera socialisme et liberté ! (BROUSSE F.,
« Le réveil de l’individualisme », L’Indépendant,
1er juin 1968) -_-_-_-_-
De 1975 à 1995 fleurissent
une vingtaine d’années avec ce que Brousse appelle lui-même
dans 4 des ses poèmes « L’École de Perpignan »
tandis qu’il aborde ce que j’appelle « La Poésie du Transfini. »
Tout d’abord qu’est-ce
que l’École de Perpignan ? L’École de Perpignan,
c’est tout un style résolument moderne, original, de rencontres
et d’idées, entre F.Brousse et ses amis :
²
Ce sont les rencontres dans les cafés, les repas dans les libres-services
avec des activités intellectuelles et artistiques que vous découvrirez
dans le livre ;
²
Ce sont les rencontres chez les particuliers où F.B. donne même
des conférences comme celles chez Madeleine Branger à Prades ;
mais aussi pour des repas et des cénacles ;
²
Ce sont les évocations du comte de Saint-Germain, en plein air,
à Vernet-les-Bains ;
²
Ce sont les rencontres au Cénacle « L’Infini », rue
de la Lanterne à Perpignan avec les visions dans le miroir et
avec les multiples procédés originaux pour connaître les réponses
aux questions des uns et des autres (Les 3 chiffres, la kabbale,
les rêves, la bibliomancie, etc.)
²
Bref, les questions de chacun sont au centre des rencontres
et là, François Brousse se dit : « Pire que Socrate ! »
car il va même jusqu’à inciter à se poser des questions et à
ne point y répondre !
q
l’École de Perpignan est une école où se mêlent intuition
et rationalité, elle s’approfondit toujours davantage dans une
aurore naissante ;
q
c’est une école où l’esprit découvre sa totale et enivrante
liberté vis-à-vis de toutes les contingences, y compris celles
du temps, de l’espace et de la causalité, et à ce titre, nul
ne peut se l’approprier mais chacun peut en être le vecteur ;
q
C’est une école qui unifie et qui libère en même temps ;
q
C’est l’anarchie idéaliste, pourrait-on dire pour rappeler un
titre du Midi Libre à propos de F.Brousse ;
q
C’est la poétogamie qui est une expression renouvelée de
ce que le Moyen-Âge avait découvert sous le nom d’ « amour
courtois » ; »
q
C’est l’humour mais aussi le don de soi dans la joie.
« 09-05-1993 » « L’École de Perpignan – Une école » François
BROUSSE « Les miroitements de l’infini » Édition La Licorne Ailée –
1994 (page 343)
UNE ÉCOLE
L'école de Perpignan Domptent les aigles véloces, Elle chasse en trépignant Les musaraignes colosses.
Son cri monte sans effort Jusqu'aux montagnes ultimes Elle emplit son coffre‑fort Des plus rayonnantes rimes.
Elle s'installe au milieu Des clairières infécondes On entend au fond des mondes Retentir sa cloche en feu.
Tout renaît sous son regard Elle ensemence d'étoiles Les profondeurs idéales Et les lendemains hagards. […] -_-_-_-_-
LE TRANSFINI Vers la fin de sa
vie, plus précisément à partir de 1989, F.Brousse développe
une nouvelle notion qui n’apparaît pas avant dans son œuvre,
celle du « Transfini », du « Transréel. »
Cette notion est
connue depuis la fin du dix-neuvième siècle grâce aux travaux
du célèbre mathématicien allemand Georg Cantor (1845-1918) qui
fit une série de découvertes inattendues :
(Par exemple,)
il y a autant d'entiers pairs que d'entiers tout court, (il y a) autant
de points sur un segment que dans un carré, (il y a) beaucoup
plus de nombres transcendants que de nombres rationnels.
Cette hiérarchie
dans les ensembles infinis conduit progressivement Cantor à
définir des nouveaux nombres, les ordinaux transfinis, et à
définir une arithmétique sur ces nombres. (Source :
Site Internet http://www.bibmath.net)
Le mot « Transfini »
est susceptible de plusieurs approches :
²
pour le dictionnaire Larousse (1949), c’est ce « qui
dépasse le fini sans être l’infini proprement dit » ;
²
pour l’ingénieur Marcel Lallemand, c’est ce qui est « positivement
non fini
[3]
»
²
et pour François Brousse, le Transfini est l’union du fini et
de l’infini dans une synthèse transcendante et son domaine est
celui de l’illumination
[4]
. Il n’est pas sans méconnaître les avancées cantoriennes aux
frontières de la Mathématique et de la Métaphysique, aux frontières
mêmes des facultés humaines et quand on lui demande : « Que
vit l’adepte lorsque ni présomptueux, ni timoré, il examine
l’infini ? », il répond :
La question est fort subtile, mais on peut dire qu'il se renouvelle
sans cesse en devenant lui-même l'infini. C'est comme un orage
où des éclairs se succèdent incessamment. On entrevoit une première
illumination infinie, puis une seconde, infinie également, puis
une troisième et ainsi de suite à l'infini. L'exploration de
ce gouffre sans borne devient la contemplation éblouie de l'être
humain devenu par là-même surhumain. Les mots sont impuissants
à traduire un pareil état, car ils sont enfermés dans la forme
et le nombre, alors que cette contemplation intuitive dépasse
toutes limitations, même celles du Cosmos, même celles des entités
mathématiques. Plus haut qu'Einstein et plus haut que Cantor
s'élève la perception directe de ce qui n'a aucune borne, ni
aucune entrave et qui est comme le souffle de Dieu
[5]
. -_-_-_-_-_-
De 1989 à 1995, il intitule « Transfini »
six de ses poèmes et il le mentionne dans plus de trente de
ses poèmes. Si la Quatrième
Dimension peut être considérée comme une surmultiplication de
l’Être,
ð
être en plusieurs endroits en même temps ;
ð
être en même temps à plusieurs époques
différentes ;
ð
être moi-même et d’autres en même temps
dans le vertige de l’amour ;
ð
être vivant et mort en même temps ;
etc. ;
je suis tenté d’avancer
que, dans le Transfini, on est à la fois « Ici et Maintenant »
et « Toujours et Partout »…
Pour terminer mon
propos, voici une définition des plus cosmiques, des plus vertigineuses
de l’illumination, donnée par F.Brousse dans une rencontre
à Clamart le 22 janv. 1991:
« L’illumination, c’est sentir que toutes les cellules
de votre corps sont autant de soleils et que ces soleils correspondent
avec tous les soleils de l’espace »
-_-_-_-_-
7 février 1991 – François BROUSSE « Les transfigurations »
Édition La Licorne Ailée - 1992 (page 26)
RENONCEMENT
J'ai sondé les métamorphoses, J'ai connu l'amour et la mort, Je ne désire qu'une chose, C'est le néant où l'on s'endort.
J'ai senti les phlox et les
roses, Je renonce aux vastes essors, Je renie les apothéoses, Vieux navire, je rentre au
port.
De tout souci je me délivre, Je ne ferai plus qu'un seul
livre Les stances de l'éternité.
Je rentrerai dans le mystère On se demandera sur terre Si cet homme a bien existé.
-_-_-_-_-
[1]
BROUSSE François – Entretien à Paris le
23-02-1983. Notes de JPW transmise à la Licorne Ailée
[2]
BROUSSE François « L’être asexué »,
poème probablement écrit le 11 avril 1951, dans « Au royaume des
oiseaux et des licornes » Éditions La Licorne Ailée –
1982
[3]
LALLEMAND Marcel « Le Transfini, sa
logique et sa métaphysique », Éditions Desclée De Brouwer
(Paris) – 1934
[4]
BROUSSE François – Conférence à Paris le
18 février 1994
[5]
BROUSSE François dans Revue « Bulletin
du Maître Polaire » N°9 – mars 1984 Édition La Licorne Ailée |